Aller au contenu

Histoire

© Archives départementales de Saône-et-Loire – Voir l’image en grand format

Ce que nous savons de l’histoire de Curtil sous Buffières

L’intendant Bouchu, enquêtant entre 1666-1669 sur les villages du Baillage de Mâcon nous décrit ainsi Curtil sous Buffières  : 

« Environ 22 feux, les habitants sont fort pauvres. C’est presque tout pays de montagne, stérile et inculte, pays de seigle, il n’y a presque pas de vignes, il y a quelques peu des prés de mauvais rapport… bruyères, genêts, roches et fonds ingrats qui souvent ne donnent que de 10 en 10 ans. Il n’y a aucun commerce… Aucun communaux … Point de péage ni d’octroi … Il n’y a aucune dette communale mais beaucoup en ont en tant que particulier. Les religieux de Cluny en sont les seigneurs et les habitants ne s’en plaignent pas. » (1)

Ce document historique, véritable « photographie » de notre village au 17ème siècle, encore d’actualité sur certains points, n’est pas le premier témoignage historique laissé à la postérité loin s’en faut.

Du paléolithique, reste en patrimoine un menhir encore debout le long de l’Ancienne route de Charolles, christianisé par l’ajout d’une croix de fer forgée au 19ème.

Une pierre levée, peut-être plus récente, christianisée également, s’élève rue du Village anciennement Grand Chemin vers Dompierre les Ormes.

Au 6ème siècle avant notre ère, les éduens dominent la région du haut de leur oppidum de la toute proche butte de Suin. Ils vénèrent la source jaillissant du mont Laurendon en haut de Curtil. Ce culte d’une eau miraculeuse, bien ancré, sera christianisé au moyen âge sous forme de pèlerinage et la source prendra comme l’église paroissiale le nom de St Genès. (2)

A l’époque gallo-romaine, au Gordet, à la limite de Buffières, existait un hameau, de nombreuses sépultures sous dalles brutes et des vestiges de construction en ont été exhumés vers 1875.

En l’an 898, la toute première mention écrite de Curtil alors dénommé Villa Curtilis apparait dans les chartes de l’abbaye de St Benoit sur Loire dans un acte de donation aux moines. 

Notre village a pris le nom de ce qui le compose, de petits domaines agricoles avec des enclos dits curtilis.

Aux 10ème, 11ème et 12ème siècles : Des donations  ou transactions enregistrées dans les chartes de l’abbaye de Cluny situent la Villa Curtilis, Cortilis, Curtilos ou Curties dans le pays de Matisco (Mâcon) et l’ager ou Agro de Mediolanensi (division de Meulin). 

Une de ces donations du 11ème siècle mentionne Bernard de Curtilis, homme d’arme ou chevalier, ce qui atteste l’existence médiévale d’une motte castrale défensive contrôlant l’important passage vers l’ouest. (5)

Pour ce qui concerne aussi l’histoire de notre patrimoine bâti, église et château principalement :

En 981, une Dame Rotrudis donne la moitié de l’église St Pierre de Curtil aux moines de Cluny pour qu’ils prient pour le repos éternel de son défunt mari Gauceran. (5) Et c’est au début du douzième siècle, sous l’influence de la puissante abbaye de Cluny, que l’église paroissiale est reconstruite dans le style roman que nous lui connaissons encore aujourd’hui. 

En 1585, Étienne de Colonges, écuyer, est seigneur de Curtil et Réaux. « Renée sa fille porta Curtil à Antoine de Thy de Milly, qu’elle épousa en 1612 ». (6)

On peut penser que le vieux château, daté de 1624, a été édifié par Antoine de Thy de Milly qui fit de Curtil sa résidence. Le grand portail porte gravée une inscription pittoresque, rare témoignage du temps ou le Comté du Charolais appartenait à l’Espagne : « Huespe y pece Allos tres dias hyede » : « Les hôtes et le poisson au bout de trois jours sentent ».

Vers 1750, le château est vendu à Benoît de Montchanin. Sa fille Ursule, née à Curtil, épouse Etienne Jean-Claude Deschizeaulx qui édifie vers 1800 le « Manoir moderne », tout proche de l’église, sur les fondations du château médiéval.

 Dans la deuxième partie du 19ème siècle, Curtil sous Buffières connait son apogée avec, en 1861, une population de 323 habitants. En 1892, le village est dynamique avec ses deux auberges et ses deux 2 épiceries. (7)

16 jeunes Curtigeots sont tombés au «  champ d’honneur » pendant la guerre de 1914-18, et le déclin de la population s’accélère tout au long du 20ème siècle pour arriver au plus bas en 1990 avec 73 habitants.

Avec une attractivité des campagnes retrouvée et une bonne accessibilité par la nouvelle Route Centre-Europe Atlantique, la population de Curtil sous Buffières est heureusement repartie à la hausse et revient à une centaine d’habitants.

A suivre …

  1. Enquête de l’intendant Bouchu, 1666-1669, Registres des déclarations des biens et dettes des communautés.
  2. Folklore des sources page 75 et Maconnais traditions populaires tome II page 101, Gabriel Jeanton.
  3. Recueil des chartes de l’abbaye de Saint-Benoît-sur-Loire.
  4. Histoire et monuments de Saône et Loire, R et A-M Oursel.
  5. Recueil des chartes de l’abbaye de Cluny. Charte 3087 et charte 1577.
  6. Les anciens fiefs du Maconnais, Mgr Rameau.
  7. Annuaire de 1892 de l’épicerie française et de l’alimentation par Paul Garnaud.

Curtil et ses enfants morts pour la France 1914-1918

Curtil sous Buffières n’a pas de monument aux morts, ni de carré spécifique au cimetière rappelant que des enfants, nés ou ayant eu des attaches familiales sur la commune, ont donné leur vie pour la patrie lors du premier conflit mondial. Les deux bâtiments publics communaux, mairie et église, possèdent chacun une plaque rappelant ce sacrifice. De plus, les registres d’état-civil corroborent ces informations par la mention « Mort pour la France » en marge de l’acte de décès des personnes concernées.

En ces années de commémoration, et avec les moyens de communication à disposition permettant d’accéder à des informations relatives à chaque soldat mort pour la France, il semblait utile de regrouper le maximum de renseignements sous forme d’un recueil individualisé classé par chronologie des décès.

Seize noms de jeunes agés de 20 à 35 ans au moment de leur décès (moyenne d’âge 25 ans ) sont ainsi répertoriés :

  • Aupoix Claudius (21 ans)
  • Barraud J ?
  • Bron Jean (26 ans)
  • Butaud Claude (26 ans)
  • Chatelet Joanny (22 ans)
  • Dargaud André (33ans)
  • Desbrières Jean-Pierre (24 ans)
  • Dürr Adam (20 ans)
  • Frison Jean-Marie (22 ans)
  • Larochette Louis (23 ans)
  • Luzy Benoit (26 ans)
  • Mazille Pierre (35 ans)
  • Nuzillet Claude (20 ans)
  • Robin Claudius (26 ans)
  • Tribolet Jean Marie (21 ans)
  • Vallet Pierre (25 ans)

Cette liste de noms comporte trois situations particulières à signaler :

– Barraud J. : A défaut de connaître le prénom, il est difficile de retrouver le soldat concerné dans les archives militaires et civiles tant les homonymes sont nombreux en Saône et Loire. De plus aucune transcription n’apparaît sur les registres d’état-civil. S’agirait – il d’une famille établie à Curtil juste après la guerre dont la naissance et autres mentions concernant un fils seraient inscrites à l’état civil d’une autre commune ? De plus, les informations militaires ne comportent pas les filiations des soldats; donc les recherches sont difficiles.

– Dürr Adam (20 ans) parait uniquement sur la plaque église hors liste alphabétique (mentionné au centre), aucune information sur les registres d’état civil alors que le document militaire indique que le décès est inscrit à l’état civil de Curtil et comporte aussi une information qui pourrait être intéressante à connaître mais non mise à disposition du public par le ministère de l’armée. Il s’agirait d’un jeune de l’assistance publique de confession juive, non originaire de Curtil (né à Cosne sur Loire) recueilli par une famille de la commune ; l’ensemble de ces informations expliquerait ce désordre parmi les inscriptions.

– Chatelet Joanny (22 ans) n’est mentionné sur aucune des deux plaques. La transcription de son décès avec mention « Mort pour la France » ayant eu lieu fin 1922, on peut penser que les deux plaques étaient déjà gravées lorsque cette mention est arrivée.

Des lacunes demeurent parmi les présentations individuelles; les personnes possédant des informations supplémentaires sont aimablement invitées à les communiquer en mairie afin de compléter utilement ce recueil.

Avec le meilleur souvenir que chacun peut apporter à ces jeunes hommes morts pour la France.

Bernard Durupt, maire de Curtil de 2004 à 2020

Informations historiques liées à leurs décès et les extraits des journaux de leurs régiments